mardi 9 novembre 2021

Le Soleil, le Gel et le Vent

 « Le Soleil, le Gel et le Vent »

 (inspiré d’un conte biélorusse).


Nous voilà entrés dans la saison sombre, les jours se drapent peu à peu de températures piquantes et d’un manteau de frissons.
Si d’aventure au détour des chemins vous croisez trois étranges et beaux seigneurs, prenez garde au choix que vous ferez lors de vos salutations… Certains choix d’amis sont parfois importants pour passer les saisons…

Il y a longtemps, un jour, un brave paysan revenant des champs croisa ces trois beaux seigneurs. Trois étranges personnages, richement vêtus, d’allures fières et différentes.

L’un était paré d’un manteau rouge éclatant brodé de fils d’or, l’autre portait un manteau blanc brodé d’argent, et le troisième était drapé d’un long manteau azur brodé de plumes blanches…

Le paysan, poli, s’écarta du chemin pour les laisser passer, baissa son chapeau et les salua respectueusement. Seulement voilà, nos trois beaux seigneurs sont de nature susceptible... Sûr de leur autorité, ils demandèrent prétentieusement au paysan lequel d’entre eux il avait salué d’une telle révérence. La situation est bien embarrassante et prend au dépourvu le paysan.

Devant le silence désappointé du paysan, ils réitèrent leur question : « Alors ! Qui as tu saluer ? Nous sommes le Soleil, le Gel et le Vent ! ».

Le paysan regarda attentivement les trois individus. Le premier vêtu de rouge semblait avoir un tempérament chaleureux et fort... mais autoritaire… C’était le Soleil. Le second voûté et mince semblait plus revêche, grinçant et glacial… C’était le Gel. Quant au dernier, avec ses cheveux ébouriffé, il semblait être totalement tout fou, jovial et avait l’air d’avoir plus d’un tour dans son sac… C’était le Vent.

A y bien réfléchir, quant à se faire deux ennemis, mieux vaut choisir un bon ami. Le paysan annonça donc qu’il avait salué le Seigneur Vent.

Le Soleil et le Gel s’en trouvèrent très vexés, très fâchés et jurèrent de se venger de cet affront l’été et l’hiver prochain.

L’Été venu, il fit très chaud et le paysan s’inquiétait pour ses récoltes. Le Soleil revanchard essaya de faire griller son champ et fit craqueler la terre, toutefois le Vent vint souffler un peu d’air frais pour rafraîchir le sol et pousser quelques nuages au-dessus des cultures. Cette année là, le paysan fît une très belle récolte pour préparer l’hiver.

L’Hiver arriva à grand pas et fût très froid, heureusement cet hiver là le Vent ne souffla pas, cela rendit le froid plus supportable, et le paysan avait rentré assez de bois et de vivres pour ne pas avoir à sortir de son logis de la saison.  Cependant, comme on dit : « la vengeance est un plat qui se mange froid », le Gel n’avait pas dit son dernier mot et fit prolonger l’hiver plus longtemps. Si bien que le paysan fût bientôt à court de bois pour se chauffer.

Se couvrant bien, il sorti donc pour aller quérir du bois, il attela sa carriole et parti en forêt. Sur le chemin, vicieux le Gel, qui avait tant attendu ce moment, se mit à le piquer dans tout les sens et se faufila sous son manteau, dans ses gants et sous son épais chapeau. Ainsi torturé par le Gel et n’y tenant plus, le paysan descendit de sa carriole et finit sa route, tout en guidant son cheval, en courant à côté de sa carriole. Courir ainsi le réchauffa tellement, qu’arrivé à la clairière, il dût se dévêtir un peu. Il posa ses vêtements sur un tronc d’arbre le temps de débiter le bois nécessaire pour chauffer son logis. Malheureusement, le Gel profita de ce moment pour se faufiler dans les moindres fibres des vêtements du paysan. Si bien, qu’au moment de se revêtir et de partir, le paysan trouva ses vêtements glacés, raides et piquants… Impossible de les remettre ! Énervé le paysan, prit sa cognée et frappa de toutes ses forces avec le manche de celle-ci sur ses gants, son manteau et l’ensemble de ses habits gelés… Tant et si bien que le givre vola en éclat, le Gel se retrouva roué de coups, brisé en mille morceaux et poussé par le Vent vers les contrées du Nord où il trouva refuge.

Vous l’aurez compris, lorsque vous croiserez ces trois seigneurs, choisissez bien votre ami!

Si vous voyez aujourd’hui sur un toit une girouette, c’est que le propriétaire du logis a pour ami le Vent et cette girouette est le symbole de leur amitié.


Conte Biélorusse réécrit par 
Helegia pour l'Association 
Le Merelle et les Hirondelles



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