lundi 18 octobre 2021

Mon Ami Grippin

 

Mon ami Grippin.

 

Illustration Bruno BRUCERO.

Le vent souffle, les feuillus frissonnent et les filoures en bonnes fées sorcières ont sorti leurs balais pour faire danser les feuilles mortes. Avec élégance et poésie, les graciles feuilles tourbillonnent et virevoltent au rythme du chant de la brise.

Ce ballet savamment orchestré par ces filoures, esprits du vent, émerveille mes sens et me plonge au pays des songes. Il me semble, dans ma rêverie éveillée, voir apparaître un dragon au cœur de cette danse des éléments.

Un dragon… Un dragon crachant flammes, flammèches et serpentant la forêt… Un géant ailé au museau fumant de poussière d’humus des sous bois, un dragon aux yeux brillants de l’éclat du soleil qui transperce les frondaisons et aux écailles cramoisies d’or et de carmin.

Ainsi plongée dans mes pensées oniriques, je ne prête pas attention où je pose mes pieds et patatras je trébuche et je me rétame de tout mon long sur le sentier que j’empruntais. La poisse ! Me voilà bien propre maintenant ! Il me semble bien que je sois victime d’un vilain farfadet ou d’une des filoures. Ces coquins aiment bien souvent faire des croques-en-jambe aux humains distraits.

Un ricanement sournois se fait entendre dans les fougères et une petite tête de farfadet aux yeux globuleux me scrute heureux de son forfait… Prestement, je me relève et je me jette sur ce coquefredouille qui m’a joué ce vilain tour. Le pauvre n’a pas le temps de s’échapper, il peste, il s’insurge et il me crache à la figure mille et uns noms d’oiseau que je ne me permettrais pas de vous répéter… Mais ces mots espiègles, vulgaires et colorés, me valent un énorme fou rire.

Surpris de ma réaction, notre coquefredouille se calme et me rejoint dans mon fou rire. Tous les deux, nous rions de bon cœur, à gorge déployée, à chaudes larmes et à ne plus savoir reprendre notre souffle. On finit tous deux, les fesses au sol, assis sur un tapis de mousse et de feuilles confortable pour reprendre notre souffle.

On prend alors le temps de faire connaissance et d’échanger quelques banalités de saison. De fil en aiguille, sympathie, convivialité et jovialité s’installent entre nous. Si bien que « Grippin », tel est son nom, partage avec moi quelques anecdotes et histoires légendaires.

Après s’être fait un au revoir chaleureux, me voilà sur le chemin du retour avec la tête pleine de nouvelles histoires à déposer dans mon grimoire… et une chanson de mon farfadet coquin qui m’invite à prendre garde à mon grimoire…


« Un, deux, trois, trois p’tits contes,

Sont entrés dans mon grimoire,

Ce matin, un lutin, sans grand’honte,

A grignoté mon grimoire … »

 

Hélégia (Dame Péronnelle la Renarde)


 

Texte écrit pour l’Association le Merelle et les Hirondelles

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