dimanche 10 avril 2016

Triata Fata

Triata Fata


Dos à dos la tignasse fière bataillant au gré du vent,
Les deux sœurs soupirent bien découragées et épuisées,
L'humanité chaotique s'enlise dans les tourments,
Rien ne file de belle manière sur le cordeau de la destiné.

Elles pourraient être jumelles tant elles semblent similaires,
Ou encore les deux faces figées et opposées d'une pièce,
L'une sème et l'autre fauche sur ce cordeau bien arbitraire,
La destiné humaine bon gré mal gré se tisse et se rapièce.

Ces derniers mois la Faucheuse s'est exprimée sans vergogne,
Mais inlassable la Semeuse a redessiné de nouveaux sillons,
S'est pliée sans relâche à la routine de sa longue besogne,
Pour que la vie s’épanouisse et dissipe les linceuls vermillons.

Les deux sœurs sont sans cesse en désaccord sur l'humanité,
La Faucheuse âgée et prompte se fait toujours plus précoce,
La Semeuse quant à elle en fait trop dans sa grande bonté,
L'aiguille de l'horloge des possibles tourne à la sinistrose.

Cependant à ce duo s'ajoute une troisième sœur plus juvénile,
Cette dernière « la Rêveuse » bien qu'immature et frivole,
Joue de malice sur le cordeau de la destiné qui se tisse et s'effile,
Elle ne sème ni ne fauche mais joue de mille et unes cabrioles.

En un tour de passe-passe la Rêveuse relève les tiges fauchées,
Elle change les semis et dévie le chemin des sillons tracés,
Ainsi s'élève l'espoir dans les vallées sombres et défrichées
et la monotonie des chemins prend des couleurs vives et bigarrées.

On a beau dire même quand tout va mal la vie est bien là,
Même si le monde se fendille comme un vieux pot décrépit,
La Rêveuse en décide autrement et use de moult falbalas
Pour rivaliser d'astuces et égaler ses deux sœurs chéries.

Là où le pot se fendille elle réparera brèches et fissures,
Là où le pot manque elle fera preuve d'imagination pour le créer,
Là où le pot est vide elle le remplira de fleurs et de verdures,
Sans nul doute finalement n'est-elle pas si différente de ses aînées... 


Hélégia le 10/04/2016

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire